mercredi 31 octobre 2012

Dimanche 9 décembre : retenez votre journée, nous partons dans le grand Nord!

Chers amis de la Petite Librairie des Champs,


La petite Librairie rouvrira ses portes d'hiver avec un grand souffle venu du Nord!
NORVEGE, SUEDE et FINLANDE seront à l'honneur.
Cette journée, 
nous la commencerons par un repas nordique partagé! 
Ce qui nous permettra de faire connaissance et d'inaugurer les petits noëls.
Nous pourrons échanger déjà sur ces 3 pays nos représentations et la réalité...
Il y aura aussi une expo  de photos et poèmes manuscrits encadrés de Sandrine Cnudde + sa lecture, de retour de Norvège...
Egalement des lectures de Kristina Haataja ( poètes françaises traduites en finnois, ses propres oeuvres...) et
de Susanna Lehtinen, et de Kirstin Tillberg, plasticiennes.
Une poète occitane 'Anna Clément avec  "La glace et le soleil" , un livre d'artiste créé en octobre 2011 avec la peintre norvégienne Maj-Siri Österling. Les poèmes sont en quatre langues: occitan, français, norvégien et tornedalien (langue minoritaire du Nord)
Table de livres évidemment.


AG la veille...17 heures au Moulin Brûlé.

lundi 22 octobre 2012

Rennes, la poésie, le brouillard, aujourd'hui comme hier


La poésie a une maison.

La poésie a un jardin.

La poésie a des oiseaux.

Qui chantent et sont vivants.

La poésie est vivante.

La poésie a une cuisine.

Il y a des poètes maigres.

La poésie a un cimetière.

Il y a des poètes morts.

Il y a des poètes voraces.

La poésie a un canal.

La poésie est une maison.

La poésie est un jardin.

Il y a des décombres.

La poésie est une cuisine.

La poésie est un canal.

Il y a beaucoup de mots.

Canal cuisine cimetière.

La poésie est un dictionnaire.


SD, inédit


Lien possible pour suivre le journal de résidence de SD à Beauséjour:  

jeudi 18 octobre 2012

A Nantes, Thomas Bernhard chez Orphée

A Nantes Festival Midiminuit.

Et la rencontre, comme en arrière revient une ombre, de Thomas Bernhard, dont les poèmes revivent grâce au renouveau de la collection Orphée/La Différence, Sur la terre comme en enfer, dans une belle traduction de Suzanne Hommel. Retrouvaille émouvante.

Et certes, j'ai aussi acheté de la poésie vivante (entre autres Camille de Toledo), mais revoir le nom de T.B. sur un livre est réconfortant. Et après avoir lu ces derniers temps beaucoup de poésie italienne et rencontre souvent des pères et des mères célébrés par des poètes aussi différents que Pasolini, Anelli ou Caproni, je découvre ce court poème de Thomas Bernhard:


Souvenir de la mère morte

Dans la chambre mortuaire repose un visage blanc, tu peux le soulever
et le porter chez toi, mais mieux, tu l'enfouis dans la tombe des parents,
avant que ne vienne l'hiver et qu'il ne couvre de neige le beau sourire de ta mère.

mardi 16 octobre 2012

Philippe Jacottet


LA VOIX
Philippe Jaccottet

 Qui chante là quand toute voix se tait ? Qui chante
avec cette voix sourde et pure un si beau chant ?
Serait-ce hors de la ville, à Robinson, dans un
jardin couvert de neige ? Ou est-ce là tout près,
quelqu’un qui ne se doutait pas qu’on l’écoutât ?
Ne soyons pas impatients de le savoir
puisque le jour n’est pas autrement précédé
par l’invisible oiseau. Mais faisons seulement
silence. Une voix monte, et comme un vent de mars
aux bois vieillis porte leur force, elle nous vient
sans larmes, souriant plutôt devant la mort.
Qui chantait là quand notre lampe s’est éteinte ?
Nul ne le sait. Mais seul peut entendre le cœur
qui ne cherche la possession ni la victoire.







mercredi 10 octobre 2012

Ce soir avec Smouroute on reste à Rennes, Maison de la Poésie, où deux poètes vont jouer à Smouroute perché

On ne part pas



chat enfermé dans le motif
des dromadaires en croix
cerné de noir comme un rire
au-dessus de toi je le vois.
en porte-voix du bonheur des soirs
avec le vent tout le vent des nuits
qui fait danser le peintre Guy
qui va vient qui rêve qui raconte
ce que c'est qu'un voyage en couleur
au chemin du singe vert sans peur!

Sylvie Durbec, La huppe de Virginia, édition Jacques Brémond


Smouroute un jour a avalé
sa langue
regarde encore plus
le dedans
se parle de l'intérieur
Polonais Bachi Bouzouk
c'est sa langue à lui
sa langue de chat
qu'on donnera pas
c'est pour les morts
qu'on garde au chaud
une langue d'intérieur
ça se prête pas
c'est comme un appareil
dentaire
qu'on a pas eu
les mêmes qu'on met
dans la bouche des enfants
 pour redresser les dents

c'est l'accent d'enfance
qu'on a gardé
les dents de travers

Nathalie Guen, inédit




jeudi 4 octobre 2012

Lucetta Frisa


Ritorno alla spiaggia (extrait)


(…)
la mia passeggiata com’è tranquilla

vicino al mare tranquillo il mio respiro

la mia coscienza tranquilla e infelice

saluto i conoscenti con la mano

ciao che stai facendo qui

ammazzo il tempo

con le frasi pensate

da una panchina

da una strada

da una casa

la compagnia è il loro ingenuo segreto

l’image

qu’est-ce que l’image

quand la vie

vient sur nous

et plus rien

que son pas

de passante

pressée

ce que je dis

est une larme…

se questa passeggiata torna a capo

e nell’acqua marina vedo

una sagoma che mi somiglia

sono dentro una sfera il mondo

è una rotonda lacrima uno specchio

concavo dappertutto e non c’è scampo.

Pour voir devant

le voir se retirer

mais le regard

est l’eau

où le monde

se noie

et

nous

avons

soif

dans la lumière

ora con chi sto camminando? con mia madre

e tutti i morti amati e i vivi

così lontani

con i ricordi di chi cammina

e di chi ha già camminato possedendo

il respiro perdendolo a ogni passo

Les vers en français sont de Bernard Noël
 Lucetta Frisa

mercredi 3 octobre 2012

Alda Merini, Mare







MER



Je marche sur mes eaux de femme.

Je t’expliquerai qu’il y a une mer salée

et une mer pleine d’amour.

La ligne de démarcation a été ma poésie.

Avec elle j’ai divisé les mystères de la mer

et mon propre mystère.

Cependant j’ai compris que dans les petites choses,

comme ma modeste maternité,

il existe des mers infinies.

Où s’alternent seiches et larmes,

des choses jamais vues et grandeur de Dieu.

Et j’ai compris que la poésie est inutile.

Comme la beauté de la mer,

si on ne pense pas à qui l’a créée

qui est un grand mystère.


Alda Merini, Dopo tutto anche te, Après tout même toi, Oxybia Éditions, 06620 Le Bar-sur-Loup, 2009, pp. 80-81. Traduction française de Patricia Dao.