jeudi 13 septembre 2012

Dans la suite des jours, le couteau, Michaël Glück,

Iphigénie,
I

L'eau, à peine une eau, rien, l'immobilité même.
On dirait que le sel est un étau de glace.
Le temps s'est arrêté. Les voiles inutiles
ont été repliées. Pas une ride, eau morte.

Le ciel accable les guerriers. Colères sourdes.
Si les vents quelquefois se lèvent, c'est en vain.
Les grands mâts arrachés ont noué leurs racines
dans la terre d'Argos. Eau morte ou sang gelé.

Les corps sont épuisés. Nul combat, nulle ivresse,
si ce n'est cette rage impuissante qui cloue
le Spartiate à sa haine où couve l'impatience.
Dans Aulis, on attend. On ne fait que cela.

On boit, on mange, on baise, on caresse une lame,
on dort pour oublier l'attente et son objet,
on joue à qui perd gagne au trictrac, à la mourre.
un homme singe Hélène, un autre le Troyen.

On boit, on mange, on passe, on dort dans la légende.

(...)
Edition de L'Amourier

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